Pourquoi la mort devrait-elle rester un sujet tabou? Après tout, la mort fait aussi, et surtout, partie de la vie.
La mort est présente dans le quotidien de tout un chacun. Chaque jour est unique et nous rapproche un peu plus de l’heure fatidique de notre mort. Une heure dont on n’a absolument aucune idée, sauf pour quelques-uns d’entre nous, malheureusement. Il existe simplement quelques données mentionnant ce que l’on appelle l’ »espérance de vie », statistiques basées sur une moyenne du taux de mortalité d’un pays, et exprimée le plus souvent par sexe. En France, l’espérance de vie est de l’ordre de 77 ans pour les hommes et 84 ans pour les femmes, ce qui revient à une moyenne de 80 ans tous sexes confondus.
La mort vue différemment selon les cultures
Une chose est certaine, la mort touche tout être vivant. En ce qui concerne les humains, elle est appréhendée de différentes manières selon les sociétés/pays/religions/ethnies. Le sujet est tellement complexe qu’il existe même différentes façons d’accueillir la mort au sein de la même religion. C’est le cas de la religion catholique: les suicidés ne sont pas censés recevoir de cérémonie funéraire religieuse du fait de leur choix de se donner la mort. Hors de question d’ouvrir les portes du Paradis à un sujet qui aurait oser porter atteinte à l’œuvre de son Créateur …
La mort fêtée au Mexique
Si la mort est synonyme de tristesse dans bien des pays où il faut forcément montrer le deuil, pleurer, manger et s’habiller en noir, dans certaines civilisations, comme au Mexique, la mort est l’occasion de faire la fête. Les traditionnels 1er novembre, jour de la Toussaint et 2 novembre fête des défunts, sont marqués par la transhumance des Français se dirigeant les bras chargés de chrysanthèmes vers les cimetières des quatre coins du pays afin de fleurir la tombe d’un parent proche ou éloigné. Pendant ce temps-là, le Mexicain, lui, célèbre la fête des morts au sens littéral du terme: danses, offrandes, chants, couleurs chatoyantes, et toasts portés à la santé des défunts.
Un personnage icônoclaste dans les romans de Terry Pratchett
Les Annales du Disque Monde est une série de romans du type « fantasy burlesque », écrite par le très célèbre Britannique Terry Pratchett. L’histoire se passe dans un monde imaginaire extraordinaire et complètement déjanté. La Mort y joue donc son propre rôle et apparaît au fil des ouvrages comme un personnage presque attachant, avec son petit caractère, sa susceptibilité, ses idées fixes et ses petites manies, voire ses goûts propres, comme, par exemple, celui d’affectionner particulièrement les chats ou encore n’importe quel plat à base de curry. Autre particularité significative: la mort ne s’exprime qu’en majuscules, ne se déplace qu’avec son cheval blanc (prénommé Bigadin), sa longue cape noire et sa faucille. Un classique du genre que l’on a presque envie de rencontrer en vrai au fil des histoires, ne serait-ce que pour écouter du rock ou déguster un curry en sa compagnie.
La mort de plus en plus populaire
La mort a pourtant la cote auprès de bon nombre d’opportunistes qui ne manquent pas de surfer sur la vague depuis une dizaine d’années, à commencer par les producteurs de certaines séries TV qui se sont un peu attardés sur le sujet. Ainsi, la médecine légale est la nouvelle star du petit écran avec l’arrivage massif des « Experts », de « Preuve à l’appui » ou encore « NCIS », le métier de thanatopracteur reprend également du service auprès des plus jeunes avec le succès de « Six Feet Under ». Des vocations se préparent et sur internet, les forums de discussions des sites concernés explosent sous les demandes diverses « Je voudrai devenir médecin légiste, pouvez-vous me renseigner? ».
Parallèlement, la vulgarisation de la mort crée aussi la polémique avec, entres autres, l’exposition des corps plastinés du Docteur Gunther Von Hagens qui parcourt le monde depuis quelques années maintenant. De vrais humains décédés et ayant fait don de leurs corps à la science se retrouvent exposés aux yeux du grand public grâce au procédé de plastination inventé par le Docteur Hagens lui-même. Les corps sont parfaitement conservés et la découverte est saisissante. A mi-chemin entre l’art et l’anatomie, le Docteur Von Hagens se veut être « un scientifique qui fait de l’art et non un artiste qui cherche à faire de la science ». Chef d’oeuvre ou scandale. Les avis sont forcément partagés.
Le business de la mort
Le commerce de la mort existe bel et bien et il a désormais son salon attitré. Cette année à Paris se tiendra du 8 au 10 avril le premier salon de la mort. Ce salon ouvert au grand public réunira entre autre tous les professionnels en rapport de près ou de loin avec la mort : entrepreneurs de pompes funèbres, marbriers, assureurs, écrivains, philosophes, artistes … Le visiteur aura la possibilité de se renseigner sur les métiers du funéraire mais aussi de participer à de nombreux débats et conférences comme, « la mort dans le Bouddhisme, ou encore les soins palliatifs, c’est quoi? ».
A noter que l’entrée est gratuite pour toute personne présentant sa carte de donneur de corps.
Appréhender la mort
Toute cette agitation autour de la mort est sans doute un moyen de conjurer le sort de la façon la plus pragmatique qui soit. Car après tout, de quoi avons-nous peur exactement? De la souffrance? Il est pourtant des morts qui se déroulent sans véritable souffrance (du moins, c’est ce que nous affirment certains médecins, mais sont-ils réellement objectifs en avançant cette théorie, la souffrance étant un état si personnel?). Alors, si nous avions la certitude de ne pas souffrir le jour du grand voyage, serions-nous forcément plus détendus? On ne peut décemment pas évoquer de « douceur de mourir » comme on peut parler de « douceur de vivre » et si une chose nous effraie bel et bien, c’est de l’inconnu qu’il s’agit, car jusqu’à preuve tangible du contraire, personne sur cette terre n’a encore d’explications sur ce qui se passe réellement après.
Donner un sens à la mort, l’évoquer, la reconnaître dans chaque signe du quotidien, ce n’est pas forcément tomber dans des caricatures étranges et morbides. C’est aussi et surtout se rendre compte de notre état d’être vivant. Un état bien souvent oublié par bon nombre d’habitants de la planète.
Apprivoiser la mort, ou ne serait-ce que l’idée de la mort, permettrait sans doute à l’homme de se sentir un peu plus léger, car comme le dit si bien Woody Allen : « Tant que l’homme sera mortel, il ne sera jamais vraiment décontracté « .