Né en 1946, Matthieu Ricard a abandonné une brillante carrière scientifique pour se convertir au bouddhisme. Etabli depuis 1972 dans les Himalayas, il vit au monastère de Shétchen au Népal et a été ordonné moine en 1978. Il est aujourd’hui l’ ambassadeur du bouddhisme en France.
Dans son ouvrage « Plaidoyer pour le bonheur », il mène une réflexion sur le chemin qui conduit au bonheur et consacre un chapitre à l’ego, avançant que si nous lui accordons trop d’importance, il peut nous rendre malheureux.
Qu’est-ce que l’ego et comment reconnaît-on un ego trop fort ?
L’ego, c’est le « moi », la valeur que l’on s’accorde. Comment s’apercevoir que l’on possède un fort ego ? C’est simple, si une situation menaçant notre image nous est insupportable alors que vécue par quelqu’un d’autre elle ne nous affecte pas, il y a de fortes chances pour que nous accordions trop d’importance à notre ego.
La nécessité d’éradiquer cet ego
Nous n’agissons alors qu’en tenant compte du regard des autres et recherchons constamment à valoriser notre image. De même, les comportements d’autrui nous déçoivent lorsqu’ils ne correspondent pas à ce que nous attendons et espérons.
Obsédés par nos succès, nos échecs et nos espoirs, la moindre contrariété nous perturbe. Nous sommes envahis par des sentiments négatifs comme la jalousie et l’agressivité. Aveuglés et fermés au monde, le bonheur véritable nous échappe.
L’ego, élément fondateur de la personnalité en Occident
Il est pourtant difficile d’envisager les choses autrement car dans nos sociétés occidentales, le « moi » est considéré comme l’élément fondateur de la personnalité. Son absence révèlerait même une pathologie.
Comment concevoir un individu sans « moi », sans ego ?
Ce point de vue s’oppose radicalement à la vision bouddhiste qui cherche, au contraire, à réduire le sentiment de l’importance du « moi » et vise même à l’éradiquer totalement.
Confusion entre ego et confiance en soi
Ce qui ne signifie pas pour autant qu’il faille se sous-estimer. Au contraire. Pour le bouddhisme, la confiance en soi traduit l’absence d’ego car la confiance authentique naît de la reconnaissance de la nature véritable des choses.
Elle n’est pas menacée par des circonstances extérieures et cette force intérieure ne peut donc naître qu’en étant dégagée de l’ego.
L’ego : une fabrication de l’esprit
« Si nous concevions le moi comme un simple concept, et non pas comme une entité autonome que nous devons protéger et satisfaire à tout prix, nous ne serions pas affectés de la sorte » rappelle Matthieu Ricard en démontrant que ce « moi » qui nous semble si solide et réel dans notre vie quotidienne ne possède pas d’existence réelle.
Pour le bouddhisme « le moi n’est qu’un nom par lequel on désigne un continuum. Il est totalement dénué d’existence réelle ». Pour cette raison, il n’est pas difficile de s’en affranchir.
Réduire son ego conduit à la liberté intérieure et au bonheur véritable
En résumé, « moins on est influencé par le sentiment de l’importance de soi, plus il est facile d’acquérir une force intérieure durable ». En ouvrant les yeux, on se sent davantage concerné par les autres. On aborde tout être et situation avec naturel et bienveillance.
Cet état ne nous empêche pas, bien au contraire, de nous fixer des objectifs, de mener des projets et de jouir de la vie. Bien au contraire. Libérés de certaines attentes, nous sommes capables d’accéder plus facilement à la liberté intérieure et au bonheur véritable.
Source : « Plaidoyer pour le bonheur » de Matthieu Ricard, Nil éditions, 2003.