De son titre complet, Main Teri Parchhain Hoon est un feuilleton télévisé indien sorti en 2008. La série met en scène le destin d’Aanchal (Megha Gupta), une belle jeune femme qui rêve de devenir styliste, mais se sent responsable de la mort de Jayah (Lata Sabharwal), une femme qu’elle a rencontrée dans un arrêt de bus et avec laquelle elle aurait échangé de ticket de voyage. Lequel lui a donné accès au bus qui causa sa mort. Contrariée par un sentiment de culpabilité, Aanchal s’est engagée à réparer le tort causé par sa fatale générosité. Et, pourtant sa simple bonne foi ne suffira point. Sa vie va alors se transformer en un véritable parcours initiatique car, elle va faire les frais d’une hostilité épouvantable de la part de la famille Jayah.
Mais en réalité, si Aanchal s’est engagée à réparer son tort, c’est d’abord parce qu’elle veut se reconcilier avec son « karma ». En effet, le courage qu’a Aanchal de supporter l’antipathie de la famille de Jayah ne peut se comprendre qu’à travers la notion de « karma » qui fonde toute la philosophie hindoue. Dans l’hindouisme, le karma c’est le « destin ». Et toute la quête de la religion hindouiste consiste à aider les humains à se libérer de la loi du karma. Comment alors Aanchal s’y prend pour se libérer du karma subséquent au décès de Jayah ?
Le destin ou karma selon l’hindouisme
Dans le feuilleton Main Terri, la question du destin est présente dès le début du film et reste pendante jusqu’au dernier épisode de la série télévisée indienne. En fait dans l’hindouisme – l’idéologie religieuse qui sous-tend les us et coutumes des personnages du récit filmique –, la notion de destin est au centre de toute vie humaine.
Les hindous croient que la vie est un cycle des morts et des renaissances. Et, il faut cinquante-deux millions de naissances avant de renaître comme un humain. Une fois la naissance humaine acquise, il ne faut pas la gâcher à travers une vie abusée car, elle engendrerait une réincarnation rétrograde. Comme le dit Swamini Umananda, chez les hindous “toutes les actions physiques, toutes les émotions, toutes les pensées surgies en nous, reviennent vers nous avec leur cortège d’agitation, de regret, de remords si nous avons nui. Les actions nuisibles qui provoquent en nous de la souffrance sont appelées pâpa Le contraire (mérite) est appelé punya”. De ce point de vue, toute la vie de l’hindou consiste à se libérer du karma. Ce qui implique par ricochet, un affranchissement du cycle continu des incarnations, une disparition éternelle de la terre et une transformation de soi en « soi cosmique ». Ce qui revient à dire que, l’individu n’existe plus mais s’est fondu dans l’univers. Le Nirvana selon la terminologie hindoue.
Ainsi donc, si Aanchal s’est sentie responsable de la mort de Jayah et s’est engagée à réparer son tort, c’est parce qu’elle a voulu se mettre en harmonie avec son karma et assurer le salut de son âme. Car, s’abandonner dans la jouissance de sa carrière de styliste dont elle avait déjà commencée à poser les premiers jalons aux Etats-Unis et ignorer les conséquences affectives que la mort de Jayah aurait causées à ses enfants et à son mari aurait été un péché grave selon la religion hindoue. Faut-il le dire, la « jouissance sans conscience » est un de sept péchés de l’hindouisme. De la sorte, tout le rôle actantiel assumé par Aanchal n’est qu’un pèlerinage initiatique vers la félicité.
Le pèlerinage initiatique d’Aanchal
Toute vie religieuse ou mystique est une initiation à une félicité. Cette félicité est appelée Paradis dans les religions chrétiennes et chez les musulmans